"L"

Résumé :

« L »
Là-bas. En enfer. On Hell.
Trahies, asservies, meurtries.
On leur a brisé les ailes.
Là-bas. En enfer. On Hell.
Pas si loin d’ici. Tout près, parfois. Si près.
Entravées. Mutilées. Violées.
On leur a volé leur vie.
Des ailes. Pour Elles. On Hell.
Pour qu’elles s’enfuient. Pour qu’elles s’envolent. Pour qu’elles soient libres.
Enfin.

« L ». Elle(s). Hell. Aile(s). Trois mots contenus dans une simple lettre. Trois mots pour signifier l’horreur, le combat, la liberté, l’indépendance, aussi. Trois mots, une infinité d’univers, d’histoires et de contes sur les femmes, pour les femmes…


Avis :

L’imaginaire en soutien à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Violence physique ou morale, ponctuelle ou endurée régulièrement, barbarie sans nom ou torture sournoise, tels sont les thèmes abordés par cette anthologie.
Sous la direction de Charlotte Bousquet, 15 auteurs nous présentent des textes forts, émouvants ou dérangeants autour de ce thème aux multiples facettes.

Au sommaire de cette anthologie :
Legs d’honneur de Nicolas Cluzeau
Luciole de Li-Cam
L raider de Virginia Schilli
Larme de laine de Joëlle Wintrebert
Lune de mon cœur de Lucie Chenu
Lésions de Maëlig Duval
La bouche de Nathalie Dau
L’âme bleue de Menolly
Liberté de Justine Niogret
Laylat d’ Ambre Dubois
La jetée de M.B.Cras
Libre choix de Sophie Dabat
Libera me de Jean-Michel Calvez
L.A. Woman d’ Estelle Valls de Gomis
Bonus track : Carnage de Sire Cédric

Comme dans tout recueil proposant des auteurs différents, tous les textes ne m’ont pas touchée de la même manière, mais il faut reconnaître la qualité et la force qui se dégage de chacun.
Je suis passée par tous les sentiments, de la haine à l’émotion, de la révolte aux larmes, et, si je ne reviens pas sur chaque nouvelles, je vais faire un focus sur celles qui se détachent de l’ensemble, du moins selon mon avis.

Il fallait s’y attendre, l’héroïne de L Raider de Virginia Schilli m’a tout de suite embarquée avec elle dans son aventure au goût de road-movie de l’étrange. Cette adolescente torturée a rendez-vous avec la menace du viol et va régler le problème à sa manière. Une histoire servie par un ton juste, avec une plume très cynique et sombre.

Le monde de Sophie Dabat, terrifiant matriarcat où le libre choix n’existe pas, où l’individu est renié dans l’intérêt du collectif m’a laissé un goût de cendres dans la bouche, malgré le souffle libérateur de la fin. Un texte dérangeant sur un monde cruel bien qu’exclusivement féminin.

Et puis il y a cette femme abandonnée, invisible pour les uns, réduite au rang d’objet pour les autres, qui malgré tout sourit et ne laisse rien paraître de sa détresse… Jusqu’au jour où c’en est trop. M. B. Cras brosse son portrait avec sobriété sans pathos, mais avec émotion et tendresse.

Jean-Michel Calvez met quant à lui en lumière la précarité, encore plus grande, des femmes « sanpapié » par rapport aux hommes, enfermées physiquement chez elles par peur d’être découvertes, enfermées culturellement car désemparées face à une langue qu’elles comprennent peu, ou interprètent mal.

En écrivant ces quelques lignes, je me rends compte que chaque texte, à sa manière a poursuivi son cheminement dans mon esprit, et au final, je les aime tous, ces textes qui se complètent, se font échos, et raisonnent encore en nous une fois le livre refermé.

Mais il faut conclure, alors ce sera avec « L’âme bleue » de Menolly, une histoire qui m’a crevé le cœur et arraché les tripes, avec cette femme battue, soumise, qui souffre jour après jour, qui a honte de ses hématomes. Cette femme, que personne ne s’inquiète de voir alitée si souvent, de la voir souffrir à chaque pas quand ses reins ou ses côtes, trop abimés par les coups de poings qui se sont abattus, rendent chaque geste insupportable. Cette femme qui a abdiqué depuis longtemps, mais qui va se redresser par amour pour sa fille, même si elle sait déjà qu’il n’y a pas d’issue, et qu’une souffrance remplacera l’autre.

« L » est, de loin, la meilleure anthologie que j’ai pu lire, la plus marquante, une de celle dont les histoires continuent à vivre bien après la lecture.

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A noter que les droits sont reversés à l'association Aurore - La maison Cœur de femmes qui accueille des femmes en danger ou en souffrance, battues, violées...


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