Résumé :
Il
est grand et fort, musclé à souhait. Sa beauté fait rêver, son regard ténébreux
envoûte chaque femme qui le croise. Il dicte ses propres lois, règne dans
l’ombre sur le monde. Il fascine autant qu’il effraie ; on redoute de croiser
sa route par une nuit sans lune. Le vampire veille en secret sur le monde des
mortels, séduit les masses, inflige la terreur et… Stop.
On
rembobine et on recommence. Des vampires à cette image, c’est ennuyant,
n’est-ce pas ? Ils ne sont pas tous des héros, des créatures dotées d’une
puissance sans limite, ils ont aussi des peurs, des tics, des phobies, des
faiblesses. Après tout, ils ont été humains, avant de renaître. Ces vampires
malgré eux, ces antihéros, on les oublie bien trop souvent…
Alors
aujourd’hui, douze auteurs ont décidé de les mettre sous les feux de la rampe !
Avis :
Cette
anthologie met en scène douze nouvelles (d’auteurs différents) ayant pour thème
commun le vampire. Mais les vampires que vous pourrez croiser dans ce recueil sont
loin du mythe et des clichés habituels, exit le prédateur puissant, séduisant
et cruel qui peuple souvent les ouvrages du genre. Les vampires décrits ici sont
des êtres qui n’ont pas forcément choisi leur sort, et qui vivent leur état
plus ou moins bien… Chaque texte vous fera rencontrer des vampires bien
particuliers, tour à tour drôles, touchants, inquiétants ou pathétiques, et
donne un éclairage différent sur la condition de non-mort.
J’ai
trouvé tous les textes intéressants et bien écrits, chacun dans leur style,
mais je ne vais revenir que sur les cinq (je n’ai pas réussi à mettre d’accord
avec moi-même pour n’en sélectionner que trois) qui m’ont plu le plus (l’ordre
de présentation est aléatoire, ce n’est ni par préférence, ni selon la place
dans le recueil).
Sans
surprise, Noblesse d’âme de Lydie
Blaizot s’est démarqué, avec son héroïne qui m’a fait penser à une Tatie
Danièle à la sauce vampire. La plume de l’auteur fait mouche et le lecteur s’attache
très rapidement aux personnages, tremblant pour eux jusqu’au dénouement. Lydie
réussit, dans ce format court et périlleux, à offrir une histoire complète qui ne
laisse pas le lecteur sur sa faim.
Ouvrant
le recueil, Chapitre Premier de
Jean-Paul Raymond met en scène un auteur s’essayant à écrire une histoire de vampires.
L’impression « poupées russes » donnée (un auteur censé écrire une
histoire de vampire qui met en scène un auteur écrivant lui–même sur ce thème)
est réussie, et jusqu’au bout l’auteur promène son lecteur dans son univers
pour ne lui donner la clé de l’énigme qu’à la toute fin.
Herbert,
le vampire allergique de Malaika Macumi dans Dis-moi ce que tu manges est la parfaite illustration du vampire
raté pour qui sa condition est plus un fardeau qu’autre chose. Je n’ai pu m’empêcher
de ressentir une profonde empathie pour lui en suivant ses malheurs qui prêtent
à sourire (mais je n’échangerai ma place avec lui pour rien au monde). En outre
le twist final est très réussi et m’a attrapée par surprise.
Dans
un autre registre, j’ai trouvé Vincent Tassy extrêmement cruel avec Mademoiselle Edwarda, ce vampire transsexuel
coincé dans un état à mi-chemin entre l’homme et la femme. Edwarda est très
touchante mais aussi désespérément pathétique, à l’aube d’une nouvelle vie pleine
de rêves qu’elle voit s’envoler brusquement. Sans doute la nouvelle la plus triste au final,
mais aussi celle qui hante le plus le lecteur, d’autant qu’elle clôt le livre.
Enfin,
Neverland d’Henri Bé, la parfaite
illustration de l’effet papillon. Des enfants malades, isolés et finalement
heureux vont voir leur vie irrémédiablement bouleversée par les actes de l’un d’entre
eux. L’auteur réussit à mettre en lumière l’innocence de ces petits, puis la
cruauté inhérente à leur âge et ses ravages. Une nouvelle à la fois dure et
sensible sur un thème délicat que j’ai trouvé très bien traité, Neverland est
peut-être la nouvelle que j’ai préférée, mais j’hésite encore.
En
plus de proposer une autre vision du vampire, Vampire malgré lui m’a permis de (re)découvrir des auteurs
possédant chacun une voix propre et un vrai talent de conteur. Mon seul regret ?
Qu’il n’y ait que douze nouvelles au sommaire !
[La petite chose
superficielle en moi fait passer le message comme quoi elle est aussi très fan de l’illustration
de couverture faite par Alexandra V. Bach qui est juste superbe.]
Au fait, t'ai-je proposé de participer au challenge Je lis des nouvelles et des novellas ?
RépondreSupprimerPoint du tout, je vais aller voir ça.
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