Être éditeur, le point de vue des Éditions du Riez


Suite à ce billet, j'avais contacté deux éditeurs pour savoir s'ils pouvaient nous donner leur point de vue sur leur métier.
Voilà la réponse des Éditions du Riez qui ont eu la gentillesse de répondre favorablement à ma demande, et super rapidement de surcroît, et que je remercie encore une fois.



"Chani m’a demandé de vous expliquer quel était un peu notre fonctionnement, notamment du point de vue de sélection de nos parutions.

Commençons par une présentation succincte des Editions du RIEZ.
Nous sommes une petite structure éditoriale créée en juin 2009 – Nous publions nos livres à travers 5 collections : Sentiers Obscurs (polars, thrillers) – Graffics (Bande-dessinée – artbooks – romans graphiques) - Brumes Etranges (SF, Fantastique, Heroïc Fantasy) - Pages Solidaires (Littérature Engagée) - Vagues Celtiques (Culture Bretonne ou celtique).
Avec la fermeture de Nuit d’Avril (maison d’édition spécialisée dans le fantastique francophone dans laquelle j’avais été publié), les auteurs se sont retrouvés « orphelins » et une énième structure éditoriale fermait, peu de temps après l’Oxymore, une maison d’édition que j’appréciais également. Ce qui était regrettable.
Je savais que rien ne serait facile, je n’avais pas la prétention de dire que je ferai mieux, mais j’ai quand même décidé de créer les Editions du Riez. Je souhaitais, après avoir été auteur, franchir un nouveau pas dans le milieu littéraire et me retrouver de l’autre côté (je précise que je n’écris plus, c’est un choix, je préfère me consacrer entièrement aux auteurs que nous publions).
Cela pourrait expliquer qu’une partie de nos premiers auteurs (que je connaissais) avaient été publiés auparavant chez Nuit d’Avril ou l’Oxymore. Mais il n’y a pas eu favoritisme et en fait, j’ai été plus exigeant avec eux et j’ai refusé beaucoup d’anciens de Nuit d’Avril. Pourquoi ? Parce-que je ne souhaitai pas reprendre exactement la même ligne éditoriale.

Nous avons eu 25 parutions à ce jour, et je pense que le lecteur peut dire que nos choix éditoriaux sont très éclectiques. Car même si notre collection « phare » est celle de l’imaginaire, on y retrouvera du Space-Op, de la Fantasy, de l’Urban Fantasy, du gothique, du Post Apocalyptique, du thriller SF, des anthologies, des recueils de nouvelles… De même qu’avec notre collection graphique, nous essayons de publier des livres très différents : roman graphique (Memories Of Retrocity), conte gothique (Cœur Empoisonné), BD doublée d’un album musical (Le Pantin sans Visage).
Tout cela pour dire que presque toutes nos parutions sont des coups de cœur éditoriaux et que nous ne souhaitons pas obligatoirement coller aux « modes ». Alors parfois, on se casse la figure parce que tel livre ne trouve pas vraiment son public, c’est le risque.
Alors que se passe-t-il après quelques années d’existence. Nous pensons toujours que nous avons un rôle, en tant que maison d’édition (je parle de maison d’édition en général et pas seulement les « petits ») de repérer de « jeunes » talents et de les faire découvrir au public.
Dans une certaine mesure, on peut dire que nous avons réussi à capter l’attention de grandes maisons d’édition. Les Pousse-Pierres d’Arnaud Duval (dont c’est le premier roman) sera repris en poche chez Folio SF, Syven publiera en jeunesse chez Castlemore. Ce sera également bénéfique pour nous car cela nous permettra de toucher un plus large public.
Ces auteurs, comme la plupart de ceux que nous avons publiés ne nous quittent pas pour autant et nous continuons de les publier. Car en plus d’une relation éditeur/auteur, ce sont souvent des relations d’amitiés qui se nouent au fil du temps. On pourrait alors parler de copinage, il n’en est rien. Il nous est arrivé de refuser des manuscrits d’auteurs déjà publiés chez nous, si nous estimions qu’ils n’étaient pas à la hauteur de nos attentes (je peux vous avouer que c’est plus difficile de dire non à quelqu’un que vous estimez beaucoup).

Alors, c’est vrai que cela laisse moins de place pour de nouveaux auteurs. (cela explique le fait que nous ayons stoppé les soumissions depuis plus d’un an). Il y aussi le fait que nous recevions entre 300 et 400 manuscrits par an pour 8/10 parutions !
J’aimerai bien sûr publier plus de livres, mais comme toujours, pour les petites structures éditoriales, c’est le manque de moyens financiers qui nous limite.

Je pense qu’au bout de ces presque quatre années, nous commençons à nous faire connaître un peu du public et du milieu de l’Imaginaire francophone. Nous ne sommes qu’au début de notre aventure éditoriale.
Maintenant, il est évident que nous aimerions plus de lecteurs et que certains de nos livres publiés connaissent encore plus de « succès »… Comme le disait Olivier Gallmeister (Gallmeister Editions), ce n’est pas de devenir éditeur qui est difficile, c’est de le rester et pour cela il faut vendre. L’éditeur est entrepreneur également, c’est un facteur que nous ne pouvons pas occulter. Il y a donc un mixage délicat à trouver entre passion éditoriale et réalité commerciale pour que la maison d’édition puisse perdurer sans perdre son âme…"

Alexis Lorens
Directeur Editorial
Editions du RIEZ

Pour découvrir Les Éditions du Riez et l'ensemble de leurs parutions, rendez-vous ici.

Commentaires

  1. S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas reprocher aux éditions du Riez c'est de filer droit dans les standards de la mode. Et c'est aussi pour ça que j'aime vos livres.
    Merci d'avoir pris le temps de nous donner votre point de vue.

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  2. merci pour ce point de vue. Petite maison mais grand bonheur à chacune de vos lectures, je vous félicite de rester fidèle à votre ligne de conduite et de ne pas céder aux effets de mode. Merci!

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