Moloka'i, la Prisonnière du paradis, Alan Brennert

Résumé :

Hawai, 1892. Rachel Kalama, petite Hawaïenne de sept ans à l'esprit vif et malicieux, rêve de visiter des contrées lointaines à l'image de son père, qui officie dans la marine marchande. Jusqu'au jour où une tache rosâtre apparaît sur sa peau, et où ses rêves d'ailleurs s'envolent aussi sec. Arrachée à son foyer et à sa famille, Rachel est envoyée à Kalaupapa, campement de quarantaine installé sur l'île de Moloka'i. C'est là que sa vie doit se terminer mais elle s'aperçoit qu’en réalité, elle ne fait que commencer.
Débordant de chaleur, d’humour, de compassion, et fort d’une galerie de personnages campés à merveille, ce chef-d’œuvre de narration nous parle d’un peuple qui, face à la terrible réalité de la mort, a choisi la vie.


Avis :

Rachel a sept ans, une famille unie et surtout un papa qui l’adore. Elle grandit dans le cadre idyllique d’Honolulu, jusqu’à ce qu’apparaisse sur son corps une tâche annonciatrice de la lèpre. Si petite qu’elle soit, Rachel sera exilée à la léproserie de Moloka’i sur l’île voisine. La maladie révèle parfois le meilleur de l’homme, c’est ce que démontrera l’histoire de Rachel Kalama.

Superbe destin que celui de cette petite fille arrachée à sa famille, qui, mue par un fort appétit de vivre, essayera de se reconstruire une vie à Moloka’i, pourtant synonyme de mort. À travers le parcours de ce personnage, Alan Brennert soulève aussi différents points éthiques et politiques comme la mort de milliers d’indigènes Hawaïens à cause des maladies, contre lesquelles ils n’étaient pas immunisés, importées par les colons ou l’indexation sans préavis de l’Archipel d’Hawaï par les États-Unis. Si le sujet principal, la lèpre, pourrait présager d’un livre triste au possible, c’est au contraire un roman plein d’espoir et d’humanité que propose l’auteur. Le lecteur vivra au rythme de la petite communauté de Moloka’i, de ses joies et de ses peines. Le personnage de Rachel est des plus attachants, sa joie de vivre et sa force de caractère forcent l’admiration, tout comme le dévouement du père Damien, personnage ayant réellement existé.

Si j’étais un peu craintive au moment où j’ai ouvert ce roman (la maladie, le pathos, c’est pas mon truc), je suis sortie totalement convaincue par ce récit fort, porteur de belles valeurs, qui réussit avec pudeur et émotion à traiter d’un sujet très délicat et méconnu. À lire impérativement si vous aimez les destins forts qui se mêlent à l’Histoire.


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