Brèves de confinement #Semaine 1

J’ai eu envie de garder une trace de cette période un peu particulière, d’où ce journal, peut-être un peu romancé, je le concède…

Contexte 

Je suis confinée avec les trois autres personnes qui constituent ma famille proche, enfin pas trop proche non plus, distanciation sociale oblige, soit un ado de 16 ans, une ado de 18 ans et un ado de 46 ans (si si).

Le premier vit dans une terreur extrême de l’absence de cours, puisqu’il est censé passer son bac dans 3 mois. Enfin ça c’est ce que j’aimerais. Dans la vraie vie il passe un temps fou sur Snap avec ses potes, entrecoupé de quelques cours en visio et quelques séances de devoirs.

La deuxième travaille pour ses partiels dans moins d’un mois (ha ha cette blague), et travaille vraiment, angoissée de savoir à quelle sauce elle sera mangée.

Le dernier est en télétravail, 15 heures pas jour, un peu workaholic sur les bords.

J’ai la chance d’être en zone rurale, très rurale, tout le monde se fout de moi habituellement, là c’est fou les gens qui voudraient se confiner chez moi. No way.

Donc un confinement plutôt facile avec accès au jardin et à la nature.

Je ne suis pas la personne la plus sociable qui existe, mes loisirs sont majoritairement d’intérieur, donc on ne va pas se tirer les cartes entre gitans, le confinement pour moi, c’est pas un drame. Encore que…

L’enfer c’est les autres ¹

Premier jour, je vais faire ma balade quotidienne, prendre un peu le soleil et tombe sur l’un de mes rares voisins (j’en ai peu, mais gratinés), en promenade avec sa femme, leur fille, le gendre et les enfants, sa belle sœur et son mari, et un enfant non identifié. Ok, ils ont tout compris, si j’avais un doute il est levé, ils sont définitivement cons. Je réfléchis à me promener dans mon jardin, j’aurais l’air con, mais je n’en croiserai plus. À voir.

La travail c’est la santé ²

J’ai la chance de pouvoir travailler depuis la maison. Mon conjoint aussi, et comme nous n’avons pas de bureau, nous sommes installés sur la table de la salle à manger. Enfin moi j’ai un demi mètre carré à ma disposition, assez pour mon PC, un cahier, un stylo et une tasse thé. Lui a déployé les grands moyens, PC, deuxième écran 20 pouces et piles de dossiers. C’est croquignolet midi et soir quand il faut replier tout ça pour rendre à la table sa fonction essentielle. À noter que, les jours passant, il arrive à remettre dans l’ordre de plus en plus rapidement les pages des dossiers tombés par terre dans l’opération.

L’ennemi intime ³

Soyons clair, j’aime mon conjoint. Enfin, je l’aimais il y a une semaine, en tout cas. Mais 24/7 ensemble, ça va finir en Faites entrer l’accusé s’il n’y met pas du sien. Je ne supporte plus :

- Les audios sur haut-parleur. Son Iphone va finir dans la forêt ou dans ses dents

- Ses problèmes informatiques : non je ne sais pas comment relancer le VPN, oui je maîtrise Excel, mais t’ayant montré 10 fois comment insérer des lignes, j’estime que tu dois savoir le faire, et, non, on ne peut pas avoir une connexion plus rapide, etc.

- Ses journées de 15 heures, parce que moi je continue à me taper les corvées domestiques au prétexte que, lui, il bosse (moi ça doit juste être un job d’été)

- L’entendre ronchonner. Moi aussi j’en ai des raisons de râler, mais je me tais, pour le bien de tous.

Les Baronnes ⁴

Heureusement, il y a les copines avec qui je maintiens un lien quotidien. Sab, Béné, Lila, Tiphaine, Siana, Becca, Chris, si vous me lisez, merci d’être là, merci pour ces moments où nous partageons notre quotidien, notre indignation, mais aussi principalement beaucoup de moments de rire, sans vous, si loin mais si proches, mes journées seraient bien plus difficiles.

J’veux du soleil ⁵

Le confinement, ça a aussi du bon, ça permet de lire, d’écouter des podcasts, d’écumer le catalogue Netflix, de se mettre aux loisirs créatifs.

Par exemple, je me suis plongées dans la série How to get away with a murder, ou comment échapper la à la justice, ça peut être utile (cf. plus haut). Je vous recommande aussi le livre de Giulia Foïs, Je suis une sur deux, glaçant, sur le viol et ses conséquences. Côté podcasts, je vous renvoie sur le site de la BNF et ses conférences, perso j’aime bien celles sur la philo ou la sociologie des religions, mais il y a aussi un super cycle Tolkien à ne pas rater. 

Voilà, c’est tout pour cette semaine, merci de m’avoir lue, peut-être t’es tu sentie moins seule derrière ton écran, dis-toi qu’il va falloir prendre sur nous, parce que demain on nous annonce que le confinement est prolongé… (pars vite prendre son Xanax).

¹ : Huis clos, Jean-Paul Sartre

² : Henri Salvador

³ : Florent-Emilio Siri

⁴ : Andrea Berloff

⁵ : François Ruffin