Moi les hommes, je les déteste - Pauline Harmange

Résumé :

" Je vois dans la misandrie une porte de sortie. Une manière d'exister en dehors du passage clouté, une manière de dire non à chaque respiration. Détester les hommes, en tant que groupe social et souvent en tant qu'individus aussi, m'apporte beaucoup de joie – et pas seulement parce que je suis une vieille sorcière folle à chats.
Si on devenait toutes misandres, on pourrait former une grande et belle sarabande. On se rendrait compte (et ce serait peut-être un peu douloureux au début) qu'on n'a vraiment pas besoin des hommes. On pourrait, je crois, libérer un pouvoir insoupçonné : celui, en planant très loin au-dessus du regard des hommes et des exigences masculines, de nous révéler à nous-mêmes. "
 
 
Avis :
 
J'ai lu ce livre une première fois lors de sa sortie chez son premier éditeur, puis une seconde fois aujourd'hui après l'avoir acheté dans sa réédition chez Seuil, après plusieurs demandes de mon avis (plus ou moins) éclairé dessus.
 
À l'origine, le titre m'avait interpellée, et je n'ai pas été la seule vu la polémique qui a entouré sa sortie, avec la colère d'un petit politicard et sa volonté de censurer l'ouvrage, sans même l'avoir lu au préalable, il ne faudrait pas qu'il se froisse un neurone au passage. Pour la petite histoire, le bruit fait autour du livre et son côté soi-disant sulfureux a dopé les ventes, et bim, 1-0 pour Pauline Harmange.
 
Le titre vous choque ? C'est fait pour. Oui Pauline Harmange déteste les hommes comme un principe de précaution, la misandrie étant en quelque sorte un mode de survie : détestons les hommes a priori et voyons ceux qui méritent notre attention. La misandrie n'existe qu'en réponse à la misogynie, et personne n'en meurt, alors que de la misogynie, si. Et ces hommes qui valent le coup, ils ne sont finalement pas nombreux, entre le sexisme du quotidien au travail (tu devrais mettre une jupe, c'est plus féminin), à la maison (laisse faire un homme, je vais te l'ouvrir ton pot de confiture), sur la route (encore une gonzesse au volant), dans le métro (le frotteur qui reste sûr de lui pendant que vous vous tortillez pour lui échapper sans rien dire pour ne pas faire de scandale qui vous ferait passer pour une hystérique, bien entendu). L'autrice passe en revue l'éducation des petites filles et tout le système patriarcal avec son lot d'interdictions et d'asservissement, en passant par la charge mentale, les stéréotypes sociétaux et la pression sociale. Et il en découle que plaire aux hommes, en épouser un ou du moins à vivre avec, n'est pas une finalité. Parce que oui, n'en déplaise aux mâles, on peut être heureuse sans homme. Les femmes célibataires sont même davantage heureuses que celles en couple. Ça pousse à réfléchir, non ?
Le discours de Pauline Harmange est clair, sa pensée accessible et ponctuée d'humour, et elle parle à toutes les femmes en leur ouvrant les yeux ou en mettant des mots sur nos ressentis. Monsieur a passé l'aspirateur et vous le répète 10 fois, attendant que vous chantiez ses louanges ? Eh bien non, il ne mérite pas de médaille, par contre il doit vous respecter et vous remercier quand chaque jour vous courrez dans le métro pour récupérer les enfants à la garderie et qu'à son retour vous avez déjà tout fait et qu'il n'a plus qu'à mettre les pieds sous la table. Oui, notre agacement et notre colère sont légitimes, même si dès notre plus jeune âge on nous a élevées dans l'idée que nous devions être douces et d'humeur égale. Ce livre vous expliquera mieux que moi que nous méritons mieux que ça, qu'une relation équitable entre homme et femme est une nécessité et que tout déséquilibre se fait toujours en défaveur de la femme, qui en souffre. Il vous expliquera que les hommes sont suffisamment présents partout dans notre société, et que la misandrie ne serait en fait qu'un moyen de les exclure de notre paysage personnel pour se concentrer sur les femmes, l'autre moitié de l'humanité, celle qui peine à prendre la place qui est la sienne, pour la mettre en valeur et ériger la sororité en priorité. Et c'est sûrement ce qui fait le plus peur aux hommes, qu'ils ne soient plus les astres qui, selon eux, devraient régir nos vies, et qu'ils soient relégués à ce qu'ils sont, une moitié de l'humanité. Ni plus, ni moins.

Si vous êtes un homme, lisez ce livre pour comprendre la profondeur de notre malaise. Si vous êtes une femme, lisez-le pour vous dire que vous n'êtes pas seule, ou commencer à déconstruire ce que l'on vous a forcé à intégrer depuis l'enfance. Mais lisez ce livre, vous aurez au moins matière à réfléchir et peut-être l'envie de commencer à avancer dans le bon sens.

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