Peeta et Katniss sont tirés au sort pour participer aux Jeux de la Faim. La règle est simple : 24 candidats pour un seul survivant, le tout sous le feu des caméras ? Dans chaque district de Panem une société reconstruite sur les ruines des États-Unis deux adolescents sont choisis pour participer au Jeu de la Faim. La règle est simple : tuer ou se faire tuer. Celui qui remporte l épreuve, le dernier survivant, assure la prospérité à son district pendant un an. Katniss et Peeta sont les « élus » du district numéro douze. Les voilà catapultés dans un décor violent, semé de pièges, où la nourriture est rationnée et, en plus, ils doivent remporter les votes de ceux qui les observent derrière leur télé... Alors que les candidats tombent comme des mouches, que les alliances se font et se défont, Peeta déclare sa flamme pour Katniss à l antenne. La jeune fille avoue elle-aussi son amour. Calcul ? Idylle qui se conclura par la mort d un des amants ? Un suicide ? Tout est possible, et surtout tout est faussé au sein du Jeu de la Faim...
Avis :
Alors que la conclusion de la trilogie est sortie au mois d’août aux US (à priori juillet 2011 chez nous…) et qu’une adaptation cinématographique est dans les tuyaux, il est temps, pour ceux qui ne l’auraient pas déjà fait, de se pencher sur les deux premiers tomes des Hunger Games.
Hunger Games est une série classée « jeunesse », mais ne vous y trompez pas, c’est un récit construit, mature et palpitant, dénué de toute mièvrerie. Les héros sont certes des adolescents, mais le ton et les idées développées auraient du, à mon humble avis, faire que ce livre trouve sa place en SF adulte… Je sais, je radote, mais ce positionnement décourage sans doute bon nombre de lecteurs potentiels.
L’action se déroule dans une Amérique post-apocalyptique, dans un futur lointain. « Panem » comme ils l’appellent, se compose, à l’origine, du Capitole, organe central qui dirige d’une main de fer 13 districts, chacun spécialisé dans un domaine particulier (industrie forestière, textile, charbon, pêche, agriculture, nucléaire…). Après un premier soulèvement 74 ans avant le début du récit, le 13ème district a été rayé de la carte, « pour l’exemple ».
Dans ce régime totalitaire, pour mater tout esprit de rébellion, sont organisés chaque année les « Hunger Games », les jeux de la faim. Le but étant de rappeler la toute puissance du Capitole, et de fustiger chaque année les habitants des districts pour les événements passés.
Chaque district désigne deux tributs, un garçon et une fille choisis parmi leurs adolescents de 12 à 18 ans.
Ce sont donc 24 candidats qui doivent s’affronter dans « l’arène », un lieu créé de toute pièce et renouvelé chaque année en fonction des désirs des dignitaires du Capitole. Et le terme « arène » n’est pas un hasard, puisque Suzanne Collins va puiser son inspiration dans le mythe du Minotaure, et que les concurrents vont s’opposer dans un combat sans merci, où seul le survivant est proclamé vainqueur. Pour corser l’histoire, s’il n’y a pas assez d’action, les juges peuvent décider de la mise en place de pièges, d’affrontements provoqués entre les candidats et autres évènements (chaleur torride, attaques d’animaux…) ayant pour but de pimenter le jeu.
Car ces jeux, retransmis à la télévision (sur une chaine unique, entièrement vouée à la propagande du régime en place, est-il besoin de le préciser ?), sont destinés, en apparence, à amuser les citoyens nantis et blasés du Capitole, qui voient chaque année une source de divertissement dans les Hunger Games.
Pour les districts, c’est assister à la peur, la souffrance, la traque, l’agonie, et la mort d’un enfant, d’un frère ou d’une sœur, d’un ami… Et se souvenir qu’on ne se dresse pas contre l’ordre établi sans en subir les lourdes conséquences.
L’histoire nous entraine dans le district 12, où l’on meurt de faim et on manque de tout, et met en scène Katniss, jeune fille de 16 ans, pilier de sa famille suite au décès de son père lors un coup de grisou, qui transgresse allégrement la loi en braconnant et en vendant les fruits de ses escapades en forêt.
Le jour de la « moisson », ce n’est pas son nom qui est tiré au sort, mais celui de sa petite sœur de 12 ans. Elle va bien évidemment se porter volontaire pour sauver cette dernière d’une mort certaine, vu son jeune âge et son inexpérience.
L’auteur nous contera la préparation de Katniss, son évolution au sein du jeu, l’évolution de ses sentiments pour Peeta, le tribut mâle du district 12 fou amoureux d’elle, et pour finir la façon dont elle va sortir vivante des jeux, s’attirant les foudres du Capitole à cette occasion.
Le deuxième tome relate le piège qui se referme sur elle. Katniss, à la fin du premier tome a défié sans vraiment en être consciente, le pouvoir en place, acte qui ne peut rester impuni.
Malgré elle, elle est devenue l’emblème d’une rébellion qui couvait dans de nombreux districts et n’attendait qu’une étincelle pour s’embraser.
J’en reste là pour l’histoire en elle-même, pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui voudraient découvrir les romans.
Si l’on y regarde de près, l’histoire en elle-même est très simple, et le sujet déjà traité par des auteurs contemporains, pour ce que j’en ai lu. Certains la comparent la « Uglies » ou « Battle Royale », n’en ayant lu aucun des deux je ne peux me prononcer.
Alors, pourquoi un tel engouement ?
Je dirais que la réussite de ces romans réside dans la qualité d’écriture de Suzanne Collins. Un style fluide, direct, rythmé, qui donne vie à ses personnages et à leur histoire. Au fil des lignes les héros prennent corps, les paysages se dessinent, et le lecteur est immergé dans leur aventure comme le spectateur l’est dans une émission de téléréalité devant son écran.
J’ai rarement été aussi impliquée émotionnellement dans un livre, à trembler et espérer pour les personnages, éprouvant un authentique sentiment de colère et de haine envers le Capitole et le président Snow.
Evidemment, l’histoire ne serait rien sans les personnages.
Katniss, héroïne malgré elle, qui lutte pour la survie de sa famille dans le district 12, qui se sacrifie par amour pour sa sœur Prim, et qui lutte pour sa survie propre dans l’arène. Intelligente, forte, rusée, mais impulsive et renfrognée, indécise et égoïste, elle va sans le vouloir devenir le symbole de la lutte contre le pouvoir. Un symbole, mais pas un moteur, pas encore…
Peeta, amoureux de Katniss depuis l’enfance, il donnerait sa vie pour elle. Intelligent, doux, compréhensif, ce fils du boulanger du District 12 n’a rien d’un pro de la survie. Mais sa sincérité et sa bonhomie en font un des chouchous du public, et son aura positive se répercutera sur sa « fiancée ».
Différents mais complémentaires, chacun comblant les lacunes de l’autre, ils forment un duo attachant, même si l’on peut s’apitoyer sur Peeta qui souffre de cet amour à sens unique.
Haymitch, ancien (et seul) gagnant du district, réfugié dans l’alcool, qui sera leur mentor, personnage trouble aux motivations obscures.
Gale, ami de Katniss, rebelle qui attend son heure.
La liste est encore longue, entre Cinna le styliste, seule personne du capitole en qui Katniss peut avoir confiance, le Président Snow qui transpire la haine et sent la mort, les « commerçants » de la Plaque, le marché noir du District 12, la petite Rue tellement attachante, les autres tributs…
Mais au-delà de l’histoire, Hunger Games est un livre certes divertissant, mais qui fait réfléchir, et nous renvoie à notre propre société.
Le lecteur devient voyeur. Dans un premier temps il suit les aventures des héros, sans remettre en question le système. Tuer ou être tués, ils n’ont pas le choix, très bien, on assimile l’information et on espère qu’ils vont s’en sortir. Remettre en cause le système ? Les personnages n’y pensent même pas, le lecteur non plus.
Les facettes les plus sombres de l’homme sont évoquées, la fourberie, la mesquinerie, la trahison, l’égoïsme… Bref, ce que nous vivons au quotidien, mais poussées à leur paroxysme.
Et puis le second tome arrive, et oui, il y a un espoir, alors on s’y accroche, et on veut en finir avec ce totalitarisme, faire voler en éclat le Capitole, et on aborde le déroulement de l’histoire d’un point de vue différent de celui porté sur le premier opus.
Avec en filigrane cette question, incarnée par Katniss, sommes-nous maitres de notre destin ? Car son personnage est très intéressant sur ce plan. Elle est forte, intelligente, croit pouvoir maitriser son destin, influer le cours des choses, mais au fond, n’est-elle pas qu’une marionnette utilisée par les uns et les autres ?
Et puis Hunger Games, c’est un peu un Koh Lanta extrême et trash. Oui, j’exagère, on en est loin. Enfin, quand on voit ce qui se fait dans d’autres pays, ainsi qu’un documentaire récent sur un jeu télévisé fictif dans lequel les candidats envoyaient des décharges à un autre pour gagner de l’argent, on peut quand même s’interroger…
Un troisième tome viendra clore cette aventure. J’ai tendance à penser qu’il est un peu prévisible, mais un retournement de situation n’est pas à exclure. Quoiqu’il en soit sur le fond, l’auteure saura à coup sûr nous tenir en haleine au fil des pages, jusqu’au dénouement final… En ce qui me concerne, je l’attends avec impatience.
Bonjour, celui-ci a été acheté suite à cet élogieux commentaire...
RépondreSupprimerSypnos