Never let go




Synopsis :

Depuis l'enfance, Kathy, Ruth et Tommy sont les pensionnaires d'une école en apparence idyllique, une institution coupée du monde où seuls comptent leur éducation et leur bien-être. Devenus jeunes adultes, leur vie bascule : ils découvrent un inquiétant secret qui va bouleverser jusqu'à leurs amours, leur amitié, leur perception de tout ce qu'ils ont vécu jusqu'à présent.


Avis :

Adaptation du roman de Kazuo Ishiguro, Never let me go raconte l’histoire de trois amis, Kathy, Ruth et Tommy, de leur enfance au pensionnat de Hailsham à leurs vies d’adultes, en passant par leur adolescence au « cottage ». Trois parties bien distinctes qui retracent l’évolution des personnages ; l’innocence, l’interrogation (voir un début de rébellion), et la résignation. Car Kathy et ses amis ne sont pas des enfants comme les autres, ils sont destinés à faire des « dons ». Sous ce terme très pudique se cache une abomination dont le spectateur prendra peu à peu la mesure.

Là où le livre m’avait ennuyée, le film m’a séduite. Le rythme est pourtant aussi lent, mais la caméra ne nous dévoile que l’essentiel, laissant de côté le superflu dont le livre regorge, surtout dans la première partie retraçant l’enfance des personnages. Mark Romanek transpose brillamment à l’écran cette ambiance étouffante, ce monde glauque où l’éthique ne veut plus dire grand-chose, où la morale n’a plus sa place. Et c’est en cela que le film m’a beaucoup plus touchée que le livre (une fois n’est pas coutume). En supprimant les passages trop longs et ennuyeux, le film met en valeur le drame qui se joue à deux niveaux. D’abord celui du triangle amoureux formé par Kathy, Ruth et Tommy, puis celui de cette Angleterre qui a légalisé le clonage humain et qui ne s’émeut pas de sacrifier des êtres humains pour en sauver d’autres. Le jeu des acteurs sublime l’histoire, Carey Mulligan est parfaite, toute en retenue, elle incarne la résignation de ces jeunes dont la vie est vouée à se terminer trop tôt, et dans la souffrance, sans que personne ne trouve à y redire. Keira Knightley, même si elle parait insupportable de prime abord, est la seule lueur de rébellion, ce semblant de combativité qui redonne un peu d’espoir et fait d’elle le personnage le plus vivant, le plus humain. Andrew Garfield joue remarquablement le rôle de Tommy, qui non seulement a intégré son rôle au sein de la société, mais ne maîtrise pas non plus le peu de temps qu’il lui est permis de vivre. En cela le jeu de l’acteur m’a fait ressentir la même exaspération que lors de ma lecture envers ce personnage complètement soumis et attentiste.
Le parcours de ces jeunes qui, en sortant de l’enfance, sortent de l’ignorance, et leur totale acceptation de leur sort est bien plus touchant et révoltant à l’écran que sur papier, et du coup mon indignation a été bien plus grande que lors de ma lecture. Sans compter la dernière partie, la plus dure, dans ce cadre médical froid, et surtout la fin, poignante, qui m’a émue aux larmes.

Never let me go est un film triste et beau, sombre et émouvant qui ne plaira pas forcément à tout le monde, mais qui vous trotte longtemps dans la tête si vous avez été touché par sa poésie.


Fiche du film Allociné

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