Ne faire que des chroniques positives, ou comment la bisounours attitude a ses limites



On a tous une tata Solange qui s’évertue à faire sa fameuse tarte aux abricots, pas mûrs et sans sucre, à chaque repas de famille. Et tout le monde y va de son compliment, sincère ou de circonstance, ou se tait pour ne pas la froisser. Et puis il y a vous, vous qui considérez ladite tarte comme un truc radioactif après en avoir mangé en morceau, tout en vous demandant si votre ulcère se rappellera à votre bon souvenir dès la deuxième bouchée. Alors, quand tata demande si vous aimez, pas d’autre choix que dire non, même si vous savez qu’elle a passé trois heures en cuisine pour la faire. Ce n’est pas un manque du respect, c’est juste donner votre avis (et sauver votre estomac par la même occasion).

Eh bien, donner son avis sur un livre, s’il est négatif (l’avis, pas le livre), c’est un peu pareil. C’est dire à ceux qui vous lisent, attention, je n’ai pas aimé, si vous avez l’estomac fragile ne vous jetez pas goulûment dessus. Alors, quand je lis que des gens ne donnent leur avis que s’il est positif, soi-disant par respect pour l’auteur, je me demande ce qu’il en est du respect du lecteur. Après tout, dire qu’un livre n’a pas plu ce n’est pas dire que l’auteur a fait de la merde, juste que ça ne vous a pas touché, voire que vous n’avez pas aimé (ou plus si pas du tout d’affinités). J’aime penser que je n’ai qu’un petit blog dont la portée est plus que restreinte, certes, mais que les gens qui me suivent apprécient mon honnêteté et donc d’avoir mon avis sur mes coups de cœur comme sur les bouquins qui m’ont ulcérée. Donc, quand j’ai envie de parler d’un livre, que mon avis soit positif ou négatif, je ne me pose pas la question et je me jette sur le clavier. Et ça n’a rien à voir avec le respect porté à l’auteur, c’est juste un avis, le mien à l’occurrence, parfois conforme à la majorité, parfois en totale contradiction. L'auteur, à partir du moment où il choisit d'être publié et donc exposé, sait qu'il aura des critiques positives ou négatives, c'est le jeu, donc quand l'avis est étayé, il n'y a pas de souci, même si je conçois que ça ne fasse pas plaisir de lire que son bébé n'a pas plu. D'ailleurs, c'est marrant, mais quand vous dites que vous avez adoré un bouquin, pas besoin de justifier le pourquoi du comment, mais quand vous n'avez pas aimé, il faut toujours prendre ses patins et expliquer ce qui ne vous a pas plu. Mais là n'est pas le sujet.

Vivre dans un rêve bleu (je n'y crois pas c'est merveilleux), ça a ses limites, où est la pluralité des opinions si on s’auto censure, où est la crédibilité quand on trouve tout génial ? Perso, j’aime lire des avis différents dans un blog, de l’enthousiasme quand la blogueuse a aimé, du désespoir ou de la colère quand elle s’est fait chier comme un rat mort pendant sa lecture. C’est ce qui fait l’intérêt de la chose et ça n’a rien à voir avec la notion de respect.

La prochaine fois nous nous pencherons sur ceux qui crouaillent et vouaillent, pour lesquels le respect de la grammaire est proportionnel au QI d’Ana Steele (oh, un livre que je n’ai pas aimé mais pas chroniqué parce que je n’ai même pas eu le courage d’aller au bout, c’est dire à quel point je n’ai pas aimé !).

Nyx exprime son point de vue sur le sujet ici.

Commentaires

  1. Je suis TELLEMENT d'accord avec ce beau coup de gueule. Je ne comprends pas non plus l'intérêt de ne publier que si c'est positif. Comme toi, si je n'ai pas aimé, si un détail m'a chagriné, si tout le livre m'a ulcérée: je le dis, et je dis pourquoi.

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    1. L'intérêt je n'en vois pas, à part cultiver la Bisounours attitude...

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  2. J'approuve. Mais je pense aussi que c'est respecter l'auteur que de lui dire la vérité, même si lui ne sera probablement pas de cet avis et fera des poupées vaudou à ton effigie pour la peine :p

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    1. Si un auteur ne supporte pas les avis négatifs, autant qu'il change de métier. De toute façon tu es jugé, évalué, noté dans tous les métiers de nos jours...

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  3. Et parfois, une mauvaise critique sur le ton de l'humour peut même donner l'envie. Par exemple, je vais me télécharger le guerrier castien, parce que le nanard est parfois un style en soi. Parfois le nanard est drôle malgré lui.
    Bon perso, je l'aime bien (avec parcimonie tout de même, je tiens à ma santé mentale) en film, ça sera mon premier nanard en livre.

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    1. Oui ça peut donner envie, mais faut être un peu maso pour Le guerrier Castien quand même. Tu m'inquiètes Delph...

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  4. Quand un(e) chroniqueur(euse) ne fait que des avis élogieux sans arrêt, coups de coeur sur coups de coeur, ses avis je ne les prends pas en compte avant un achat. Je préfère de loin un avis négatif nuancé qui ne m'empêchera en rien de tenter le dit bouquin.

    Par contre, je crois qu'aujoud'hui ce n'est plus tant une question de respect mais de proximité grâce aux réseaux sociaux, certains auteurs sont proches de leurs fans et ces derniers, adhère à un auteur et donc tous ses livres… alors que parfois, tout n'est pas bon. Quand l'affectif entre en ligne de compte, tu ne veux pas froisser. (Je ne parlerais même pas des bloggueur et des SP qu'on veut avoir sans arrêt :p)

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    1. Alors oui, c'est clair que la proximité avec les auteurs fait que certains n'osent pas donner leur avis s'il est négatif car c'est jugé "méchant, ça peut empêcher un jeune auteur de percer". Sauf que tous les jeunes auteurs ne peuvent pas percer à mon avis, tout comme tous les employés ne finiront pas PDG. Pour les SP, c'est vrai qu'hélas, pour ne pas perdre un partenariat, il y en a qui déposent leur objectivité dans une autre pièce avant d'écrire leurs chroniques...

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  5. Amen!
    Voilà pour le commentaire qui ne sert à rien, mais c'était juste pour dire que j'ai hâte de lire ce que tu as à dire au sujet du sacrifice de la grammaire!

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  6. Nous sommes sur la même longueur d'onde. Le respect de lecteur avant tout (parce que notre qualité première, après être lecteur, c'est d'être blogolecteur). Avec une très grande majorité, l'auteur est à même de comprendre que son livre peut ne pas plaire et puis nous sommes tous assez intelligents pour pouvoir argumenter dans les deux sens :)
    (rah j'ai la chanson dans la tête maintenant !)

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    1. Mince c'est embêtant d’avoir cette chanson en tête... J'espère que tu en es libééééréééééééééééée, délivréééééééééééééee ^^

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  7. On a donc le même avis. :)
    Personnellement, avant même d'être publiée chez éditeur, j'ai fait le choix de ne faire que des chroniques positives, mais parce que c'était mon choix en tant que chroniqueuse : je voulais créer une "bibliothèque de recommandations", avec un menu permettant aux lecteurs de fouiller pour ne trouver que des lectures, sinon pas forcément avec la garantie que ça soit forcément à leurs goûts, qui soient bien écrites, bien gérées, cohérentes, avec un style intéressant, des personnages intéressants, une intrigue originale, etc. Bref, une certaine exigence de qualité.
    Par contre, mis à part ce cas particulier de "bibliothèque de recommandations", j'ai toujours donné des avis sincères en tant que lectrice. J'ai commencé dans la publication en ligne, sur le net (la fanfiction, même, pour être plus précise) et c'était la norme : on s'entre-commentait les uns les autres et on avait à cœur de donner des avis précis, surtout entre auteurs, pour aider l'autre à progresser en lui faisant savoir ce qui avait marché chez nous et ce qui nous avait dérangé.
    Depuis que je suis éditée, c'est ce qui me dérange le plus, je crois : cette absence-là d'échange sincère auteur-lecteur à ce sujet. Je vois des auteurs faire leur apprentissage directement dans l'édition, et ce principe voulant que les critiques ne soient pas acceptées a pour conséquence de les couper totalement de cet apprentissage-là. Ils ne se retrouvent qu'avec des louanges les confortant dans l'idée que ce qu'ils font est génial, qu'il n'y a rien à changer, ni à retravailler, rien sur quoi se poser des questions, rien sur quoi progresser... (et pourtant, parfois...) Et c'est dommage. Certains auteurs ont la capacité d'évoluer très positivement tous seuls, sans ça, mais pas tous. Et, du coup, c'est dommage, vraiment. Autant pour les auteurs que pour les lecteurs (moi, lectrice, je suis vraiment dépitée quand je vois un auteur avec un super potentiel ne pas évoluer d'un pouce juste parce que son lectorat ne l'y pousse absolument pas, en tout cas).
    Valéry K.

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  8. On a donc le même avis. :)
    Personnellement, avant même d'être publiée chez éditeur, j'ai fait le choix de ne faire que des chroniques positives, mais parce que c'était mon choix en tant que chroniqueuse : je voulais créer une "bibliothèque de recommandations", avec un menu permettant aux lecteurs de fouiller pour ne trouver que des lectures, sinon pas forcément avec la garantie que ça soit forcément à leurs goûts, qui soient bien écrites, bien gérées, cohérentes, avec un style intéressant, des personnages intéressants, une intrigue originale, etc. Bref, une certaine exigence de qualité.
    Par contre, mis à part ce cas particulier de "bibliothèque de recommandations", j'ai toujours donné des avis sincères en tant que lectrice. J'ai commencé dans la publication en ligne, sur le net (la fanfiction, même, pour être plus précise) et c'était la norme : on s'entre-commentait les uns les autres et on avait à cœur de donner des avis précis, surtout entre auteurs, pour aider l'autre à progresser en lui faisant savoir ce qui avait marché chez nous et ce qui nous avait dérangé.
    Depuis que je suis éditée, c'est ce qui me dérange le plus, je crois : cette absence-là d'échange sincère auteur-lecteur à ce sujet. Je vois des auteurs faire leur apprentissage directement dans l'édition, et ce principe voulant que les critiques ne soient pas acceptées a pour conséquence de les couper totalement de cet apprentissage-là. Ils ne se retrouvent qu'avec des louanges les confortant dans l'idée que ce qu'ils font est génial, qu'il n'y a rien à changer, ni à retravailler, rien sur quoi se poser des questions, rien sur quoi progresser... (et pourtant, parfois...) Et c'est dommage. Certains auteurs ont la capacité d'évoluer très positivement tous seuls, sans ça, mais pas tous. Et, du coup, c'est dommage, vraiment. Autant pour les auteurs que pour les lecteurs (moi, lectrice, je suis vraiment dépitée quand je vois un auteur avec un super potentiel ne pas évoluer d'un pouce juste parce que son lectorat ne l'y pousse absolument pas, en tout cas).
    Valéry K.

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    1. Tout à fait, un avis négatif ne doit pas être pris comme une sanction ou l'envie de faire du mal, c'est juste le ressenti d'un lecteur qui n'a pas aimé quelque chose dans le livre. Prendre conscience de ce qui n'a pas séduit un lecteur peut aider à mettre le doigts sur un truc qui ne fonctionne pas dans le roman et pousser à s'améliorer. Ou bien il faut que l'auteur passe outre les chroniques négatives, ne les lisent pas, mais se dise bien que c'est une opinion personnelle et non uen attaque.

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