Résumé :
1948, fin de la
Seconde Guerre mondiale et capitulation des Alliés. Vingt ans plus tard. dans
les Etats-Pacifiques d'Amérique sous domination nippone, la vie a repris son
cours. L'occupant a apporté avec lui sa philosophie et son art de vivre. A San
Francisco, le Yi King, ou Livre des mutations, est devenu un guide spirituel
pour de nombreux Américains, tel Robert Chidan, ce petit négociant en objets de
collection made in USA. Certains Japonais, comme M Tagomi, dénichent chez lui
d'authentiques merveilles. D'ailleurs, que pourrait-il offrir à M Baynes, venu
spécialement de Suède pour conclure un contrat commercial avec lui ? Seul le Yi
King le sait. Tandis qu'un autre livre, qu'on s'échange sous le manteau, fait
également beaucoup parler de lui : Le poids de la sauterelle raconte un monde
où les Alliés. en 1945, auraient gagné la Seconde Guerre mondiale...
Avis :
Et si les Allemands et les
Japonais avaient gagné la Seconde Guerre Mondiale ? Les États-Unis seraient
pour moitié occupés par les Allemands et par les Japonais pour l’autre. Hitler
serait toujours vivant, l’extermination des juifs serait toujours son
obsession, la terreur serait partout. Dans la partie japonaise des États-Unis,
l’occupation est peut-être moins abrupte, plus empreinte de l’esprit asiatique,
mais tout aussi répressive. C’est dans cette réalité alternative, au début des
années soixante, que s’ancre Le Maître du Haut-Château. On y croise un
collectionneur, un antiquaire, un juif qui se cache, son ex-femme… Tous ces
personnages ont des liens entre eux sans forcément se croiser à un moment. Mais
un point commun les relie : Le poids
de la sauterelle d’Abendsen (qui est activement recherché par les nazis
pour ses idées subversives), un roman qui décrit le monde tel qu’il serait si
les Alliés avaient gagné. Vous me suivez ? Le lecteur lit une uchronie
dans laquelle les lecteurs lisent une uchronie qui ressemble à notre réalité,
il y a de quoi avoir les fils qui se touchent. Et c’est en fait en cela que
réside l’intérêt du roman, en observant les personnages par ce prisme, parce
que, de prime abord, ils ne sont guère passionnants si on en reste au premier
niveau de lecture. Philip K. Dick aborde de nombreux sujets comme la liberté,
la conception de la réalité ou encore la manipulation, mais a une attitude un
peu ambigüe vis-à-vis du nazisme qui m’a un peu gênée. Même si j’ai bien pris
en compte que l’acceptation des théories d’Hitler était un point essentiel du
monde uchronique qu’il dépeint, ce parti pris m’a quand même dérangée. Mais, à
côté de ça, Le Maître du Haut-Château
reste un roman exigeant et édifiant à partir du moment où le lecteur rentre
dans le jeu de l’auteur. Sinon, j’ai bien peur que la lecture vous semble bien
longue…
J'ai adoré parce que justement, Dick nous aspire dans un vertige pourtant parfaitement élaboré, une forme de folie structurée dans laquelle on perd pied - et c'est une sensation délicieuse.
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