Sharp Objects [Série]


Synopsis :

Camille Preaker, journaliste spécialisée dans les affaires criminelles récemment libérée d'un hôpital psychiatrique après des années d'automutilation, retourne dans sa ville natale de Wind Gap, Missouri, pour enquêter sur le meurtre d'une jeune fille et sur une disparition. Elle est hébergée dans la maison de son enfance sous l'œil critique de sa mère, la mondaine Adora. Camille va devoir affronter ses vieux démons.

Avis :

En cette rentrée c’est plutôt bonne pioche pour moi côté séries avec de vraies réussites comme Sharp Objects, adaptation du roman Sur ma peau de Gillian Flynn, l’auteur de Gone girl.

Cette série nous emmène à Wind Gap, Missouri, la ville natale de Camille Preaker (jouée par Amy Adams qui réalise ici une performance de dingue), aujourd’hui journaliste et qui a toujours tout fait pour éviter d’y retourner. Dès le départ, le spectateur comprend que Camille est un personnage fragile, plein de failles, avec un penchant pour l’automutilation et la vodka, et que son retour à la maison ne va pas arranger son état. La jeune femme revient pour écrire une série d’articles sur la mort de deux adolescentes, avec le regard de celle qui connaît bien cette communauté, dixit son rédacteur en chef. Le retour de Camille ne plaît pas à tout le monde, et en premier lieu c’est sa mère, Adora (!), qui le voit d’un œil critique. Figure emblématique de la ville, descendante des fondateurs, mondaine et défenderesse d’un certain immobilisme dans l’ordre des choses (comprenez très conservatrice), Adora ne sait que faire de cette fille aînée qui ne correspond pas à ses aspirations. Elle a perdu une de ses filles il y a des années et on devine à demi-mots qu’elle n’a pas perdu la « bonne ». Sympa comme ambiance, bienvenue à la maison Camille. Dans cette famille, qu’on sent bien dysfonctionnelle, il y a aussi l’insipide Alan (je n’écouterai plus jamais Michel Legrand de la même manière), beau-père de Camille et père d’Amma, la petite dernière, adolescente modèle douce et formatée par sa maman, qui se transforme en peste transgressive et manipulatrice une fois hors de la maison. Et pourtant, Camille choisit de résider « à la maison » le temps de son retour et on constate rapidement qu’elle redevient une petite fille face à sa mère et ses penchants autodestructeurs s’expliquent aisément…

Voilà la toile de fond dans laquelle va se dérouler Sharp Objects. L’aspect enquête policière n’est qu’une composante de la série, tout l’intérêt réside dans cette fresque familiale et dans le personnage de Camille, de retour dans cette famille toxique, dans cette ville de non-dits où le silence et les sourires de façade sont de circonstance. Sharp Objects est une série lourde, parfois éprouvante à regarder, plus les épisodes avancent plus le spectateur s’enlise dans cette mélasse visqueuse qu’est l’ambiance de la bonne ville de Wind Gap. Le rythme est lent, pesant, les secrets de famille se mêlent à l’enquête policière, personne ne semble innocent dans cette ville dont le vernis s’effrite au fur et à mesure.

Les acteurs sont parfaits et portent la série, Amy Adams en tête, qui endosse le rôle de Camille à la perfection, touchante, forte et fragile à la fois, toujours au bord de la rupture, rien d’étonnant à ce qu’elle ait refusé une deuxième saison, tant ce tournage devait être éprouvant psychologiquement. Eliza Scanlen campe une Amma parfaite, toute en duplicité et faux semblants. Quand à Patricia Clarkson, sa méchanceté enrobée de sucre m’a fait pleurer plus d’une fois et rien que la voir me glaçait le sang.

La construction de la série alterne présent et flashbacks, mêle la vie personnelle de Camille et l’enquête policière, tout s’imbrique parfaitement et la fin est simplement époustouflante, inattendue et difficile, écœurante et saisissante, le dernier épisode se regarde avec les tripes (les yeux sont néanmoins nécessaires hein), on retient son souffle, on espère, on n’y croit plus et… wow.

Si vous cherchez une série purement policière, vous n’y trouverez peut-être pas votre compte, mais si comme moi vous affectionnez que l’ambiance soit une composante essentielle de l’histoire, vous ne serez pas déçu. Pour ceux qui connaissent, j’ai trouvé que sur ce point on se rapprochait pas mal les Filles de Roanoke d’ailleurs. Sharp Objects est une série qui ne s’oublie pas comme ça, qui vous colle à la peau un pansement qui vous ferait un peu mal si vous tentiez de l’enlever trop vite…


Commentaires

  1. J'ai apprécié la série également mais je pense qu'elle m'aurait plus marqué si je n'avais lu le livre juste avant.

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    1. Oui si tu as lu me bouquin ça t'ôte une bonne part de suspens :/

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  2. Jolie chronique !
    J'ai beaucoup aimé cette série... je n'ai pas lu le roman donc le suspense est vraiment à son comble. J'ai aimé le parti pris du réalisateur à nous faire vivre l'enquête uniquement au travers des yeux de Camille. Les personnages sont réussis (comment ne pas détester Adora ?!)

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    1. Adora m'a terrifiée du début à la fin. Avec cette famille le terme dysfonctionnel prend tout son sens...

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